Mal Logement en France en 2021
Solidarité

Mal-Logement en France en 2021 : urgence

Mal-Logement en France 2021 : la Fondation Abbé Pierre présente son rapport.

« Le monde d’après appartient aussi aux plus pauvres »

Introduction de Laurent Desmard, Président de la Fondation Abbé Pierre.

La Fondation s’est engagée dès le premier confinement dans l’urgence alimentaire, notamment en partenariat avec Emmaüs Solidarité :

  • 200 000 tickets services distribués
  • 170 000 personnes soutenues sur le territoire.

D’importants efforts ont été engagés pour mettre à l’abri les personnes lors du premier confinement mais la Fondation Abbé Pierre a deux alertes :

  • Première alarme sur les impayés de loyer
  • Attention particulière à la situation des jeunes : élargir le RSA

Depuis des années, la Fondation Abbé Pierre alerte sur le retard de construction de logements sociaux, nous sommes très loin du compte comme l’indique le rapport sur le Mal-Logement en France en 2021. Il est impératif que la construction de logements sociaux soit prise en compte dans le plan de relance. La présidentielle sera l’occasion de mettre le logement au cœur des débats politiques.

Intervention de Christophe Robert, Délégué Général de la Fondation Abbé Pierre.

Nous avons vécu une très forte solidarité des citoyens et une incroyable mobilisation des associations depuis le début de la crise. Beaucoup de détermination mais parfois des moyens très limités.

Forte mobilisation de l’Etat et des collectivités au printemps qui a suscité beaucoup d’attentes depuis refroidies.

Mal-Logement en France 2021 : Farida

Intervention de Manuel Domergue, Directeur des études de la Fondation Abbé Pierre suite au témoignage de Farida qui vit avec deux adolescentes et qui paye 1000€ pour un 18 m2 insalubre à Paris.

Double peine des mal-logés pendant le confinement. L’échappatoire habituel c’était de sortir mais le logement a été une prison qui a eu des effets très grave sur les états de santé : problèmes cutanés, problèmes respiratoires, décrochages scolaires…

La question de la précarité énergique serait dramatique si un confinement arrivait en hiver. Cela concerne 12 millions de personnes aujourd’hui ! Il y a eu +17% de coupures entre 2019 et 2018…

Heureusement la trêve hivernale a été reportée au 1er juin 2021 mais le cauchemar des mal-logés est loin d’être terminé.

Nous avons eu un témoignage où la mère de famille mettait des boules Quies dans les oreilles des enfants pour que les cafards ne rentrent pas dans les oreilles des enfants la nuit.
Manuel Domergue

La Fondation Abbé Pierre a un sentiment est que tous les efforts faits dans le logement (2 milliards d’euros) ne répondent qu’avec des solutions d’urgence et c’est tout l’enjeux de la politique du logement d’abord : des solutions durables.

 

« Les jeunes sont en première ligne car ils n’ont pas de situation »

Tous ceux qui n’ont pas de CDI, ont eu du mal à être indemnisé. Aujourd’hui, on ne peut pas vivre avec le RSA (564,78 €).

Seulement 734 jeunes ont obtenu le RSA jeune en 2019. Les conditions sont beaucoup trop drastiques, comment peut-on laisser une personne sans rien ?

La vague de pauvreté monte comme l’indique le rapport sur le Mal-Logement en France en 2021 :

  • 10% de bénéficiaires du RSA en plus
  • 20% des jeunes ont eu des difficultés à payer leur loyer
  • 44% des bénéficiaires des APL ont eu des difficultés à payer leur loyer
  • 12% ont eu recours à l’aide des proches et pour la moitié c’était la première fois
  • 20% des jeunes ont eu recours à l’aide alimentaire.

Il y a eu beaucoup de retard au niveau du suivi des travailleurs sociaux. Et il y aussi un épuisement des travailleurs sociaux : on ne peut pas compter éternellement sur le dévouement de ce secteur. L’Etat doit intervenir.

300.000 personnes sont actuellement hébergées d’urgence par l’Etat mais quelles sont les perspectives de sortie ? Très grande inquiétude de la Fondation Abbé Pierre pour l’avenir : creux très fort avec seulement 105.000 agréments de logements sociaux en 2019 et seulement 87.000 en 2020.

Ce n’est que le début de cette vague de pauvreté si rien n’est fait ! Si on arrive à refermer la parenthèse de la crise sanitaire, la crise sociale n’est pas prête d’être réglée.

 

Mal-Logement en France en 2021 : « Nous devons réinterroger notre système de protection sociale »

Bilan politique du rapport par Christophe Robert, Délégué Général de la Fondation Abbé Pierre.

Les aides exceptionnelles du Gouvernement pour les plus pauvres ont été ponctuelles, de faibles montants et non pas pu bénéficier à tout le monde, notamment ceux qui ont le minimum vieillesse et pour les jeunes.

Depuis le début du quinquennat, nous avons l’impression d’un traitement de bons pauvres et de mauvais pauvres, ce qui est insupportable.

Pour les jeunes, il manque des perspectives à long terme et les aides ne remplacent pas l’ensemble des emplois aidés supprimés au début du quinquennat.

Fondation Abbé Pierre

Nous devons réinterroger notre système de protection sociale

Le RSA ne permet pas de vivre dignement et le montant a décroché : le RMI était de 50% du SMIC et aujourd’hui nous sommes à 40% seulement.

Nous voulons une société qui comprend que pour trouver un emploi, il faut déjà subvenir à ses besoins et pouvoir manger.
Christophe Robert

Il y a des attaques incessantes contre les APL : si on cumule toutes les coupes, c’est 10 milliards d’euros en moins entre 2017 et 2021.

Sous la pression des gilets jaunes, des mesures ont été prises mais principalement pour les ménages de la classe moyenne et non pour les plus pauvres.

En 3 ans, les 10% les plus pauvres se sont vus octroyer 64€ et c’est 17€ pour les 5% les plus pauvres. Et pendant ce temps là, c’est plus de 1.600€ pour les 10% les plus riches. Il y a aussi eu des baisses d’impôt massives pour les entreprises sans aucune contrepartie.

Des solutions proposées par la Fondation Abbé Pierre

• Ponctionner les bailleurs sociaux
• Donner plus de moyens à l’Anah
• Stopper les ponctions sur Action Logement
• Modifier la Loi SRU avec plus de sanctions
• La rénovation énergétique doit être une priorité nationale
• Encadrement des loyers généralisé
• Stopper les expulsions sans solution de relogement (logements et camps)
• Créer un fond d’aide aux loyers impayés
• Faire monter en puissance la stratégie du logement d’abord
• Beaucoup plus de logements très sociaux
• Titres de séjour plus longs et plus de régularisations
• Augmenter les minimas sociaux
• Lutter contre le non recours aux aides
• Elargir le RSA aux jeunes

 

Emmanuelle Wargon : construction de 250.000 logements sociaux en 2 ans

Emmanuelle Wargon, Ministre déléguée auprès de la ministre de la Transition écologique, chargée du Logement

Intervention d’Emmanuelle Wargon, Ministre déléguée auprès de la ministre de la Transition écologique, chargée du Logement.

Il y a eu MaPrimeRénov pour la rénovation. Pour la construction, c’est aussi en dehors du plan de relance : maintient du prêt à taux zéro et Loi Pinel.

La Ministre partage le constat de déficit fort de logements sociaux : engagement à construire 250.000 logements sociaux en 2 ans. Nous ne nous résoudrons pas à voir ces chiffres baisser d’année en année. Nous avons le financement, il faut maintenant trouver les terrains avec les maires. Il y a eu une annonce très importante pour les quartiers qui est passé inaperçue : 2 milliards en plus pour la rénovation des quartiers où se concentrent malheureusement les familles les plus en difficultés.

La Ministre se dit favorable et déterminée à la prolongation de la Loi SRU car de nombreux maires jouent la montrent et se disent que les amendes vont bientôt s’arrêter (2025).

La Ministre insiste aussi sur la grande question des attributions. Oui, il faut plus de logements sociaux, mais comment peut-on éviter de concentrer toujours plus les personnes en difficultés ? Comment peut-on créer de la mixité ? Comment les ménages modestes peuvent avoir accès à tous les types de logements sociaux et pas seulement les plus anciens ?

La Ministre rappelle que 80.000 personnes en provenance de l’hébergement d’urgence par an depuis 3 ans ont accédé au logement social bien qu’il faille aller plus loin.

Christophe Robert, Délégué Général de la Fondation Abbé Pierre rappelle aussi que tous les logements sociaux ne sont pas au même niveau et que beaucoup sont à des niveaux de loyer inaccessibles aux foyers les plus modestes. Il demande à ce que les 250.000 logements sociaux annoncés en 2 ans ne se trompent pas de cible !

>> Télécharger le rapport complet du Mal-Logement en France en 2021 (PDF)

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Infographie Mal-Logement en France en 2021

Infographie Mal-Logement en France en 2021

Photo de couverture : COMAL SOLIHA 51

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